Sondage Bachi
Étendre et renforcer le dossier pharmaceutique partagé (DPP) face au "nomadisme" pharmaceutique
Si plus de 80% des Belges consultent fidèlement le même médecin, seuls 54% restent loyaux à leur pharmacien, révèle un sondage de Bachi, l'association belge de l'industrie des médicaments et produits de santé en vente libre. Comment assurer un suivi cohérent des traitements quand les patients font du "shopping" pharmaceutique ? En renforçant le dossier pharmaceutique partagé (DPP).
Alors que plus de huit Belges sur dix consultent fidèlement le même médecin, seulement 54% restent loyaux à leur pharmacien.
Cette différence d’attitude, révélée par une récente enquête de Bachi (Belgian Association of the Consumer Healthcare Industry) menée auprès de 1.000 consommateurs, soulève un enjeu majeur de sécurité sanitaire : comment assurer un suivi cohérent des traitements quand les patients font du "shopping" pharmaceutique ? "La solution pourrait résider dans une utilisation renforcée du dossier pharmaceutique partagé", propose Bachi.
Fidélité médicale vs nomadisme pharmaceutique
Le sondage révèle un paradoxe frappant : si la relation médecin-patient demeure stable et fidèle (80% consultent toujours le même praticien), celle avec le pharmacien s'avère plus volatile: près d'un Belge sur deux change régulièrement de pharmacie, guidé par des considérations pratiques, géographiques ou économiques.
Cette "mobilité pharmaceutique" risque de créer des zones d'ombre dans le suivi thérapeutique car chaque changement d'officine représente une perte d'information potentielle sur l'historique des produits de santé du patient, fragilisant la détection d'interactions possibles ou de surdosages.
"Quand un patient fait ses achats OTC dans différentes pharmacies, aucun professionnel n'a la vision globale de sa consommation. C'est une zone d’ombre de notre système de santé", soulève l'association belge des entreprises de l'industrie des médicaments et produits de santé en vente libre.
Pour le moment, les professionnels de santé ne sont pas tenus d'enregistrer dans le DPP tous les produits de santé qu'ils recommandent / délivrent. Pour Bachi, "cette lacune réglementaire prive le système de santé d'informations cruciales, compromettant la sécurité des patients". Elle génère plusieurs risques:
- Interactions médicamenteuses non détectées entre traitements prescrits et « automédication »;
- Surdosages involontaires par cumul de principes actifs similaires;
- Incompatibilités entre médicaments OTC et compléments alimentaires;
- Suivi impossible de la compliance et de l'évolution des symptômes.
Pour une meilleure traçabilité
Quelque 70% des sondés se déclarent favorables à ce que les professionnels de santé centralisent tous les produits de santé dispensés - qu'ils soient prescrits ou non - dans leur DPP.
"Quand un patient achète un antalgique dans une pharmacie le lundi, un anti-inflammatoire dans une autre le mercredi, et consulte son médecin le vendredi pour des douleurs persistantes, seul un dossier médical exhaustif permettrait d'éviter les prescriptions redondantes ou contre-indiquées", explique Bachi. "Cela contribuerait également à détecter les sous-utilisations, les mésusages ou les manquements à la compliance."
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Et la confidentialité? L'extension du DPP à tous les produits de santé ne compromettrait pas la vie privée des patients, assure encore l'association. Au contraire, elle renforcerait la confidentialité en centralisant les informations sensibles dans un système sécurisé, accessible uniquement aux professionnels habilités, "plutôt que de les disperser dans de multiples dossiers non connectés".
Au niveau technique, l'infrastructure numérique belge permet cette évolution: l'enregistrement systématique de tous les produits de santé pourrait s'effectuer via les mêmes canaux que les médicaments prescrits, "sans complexité additionnelle pour les professionnels".