Réforme des soins
Vandenbroucke adoucit sa copie
Lâavant-projet de la loi de rĂ©forme des soins de santĂ© a Ă©tĂ© approuvĂ© par le Kern au finish le 21 juillet. Il peut dĂ©sormais ĂȘtre soumis en premiĂšre lecture au Conseil des ministres. Le texte, portĂ© par Frank Vandenbroucke, a Ă©tĂ© profondĂ©ment remaniĂ©.
Lâaccord de gouvernement fĂ©dĂ©ral prĂ©voit quâavant fin 2025, un nouveau cadre doit ĂȘtre mis en place pour les conventions avec les mĂ©decins, les dentistes et les kinĂ©sithĂ©rapeutes.

Ce cadre est défini dans la loi de réforme sur laquelle le Conseil des ministres restreint est parvenu à un accord le 21 juillet. Un calendrier clair a également été fixé pour la réforme de la nomenclature des médecins et la réforme du financement des hÎpitaux.
Toutes ces rĂ©formes prĂ©vues dans l'accord de gouvernement sont considĂ©rĂ©es comme des rĂ©formes interdĂ©pendantes, qui seront mises en Ćuvre simultanĂ©ment Ă partir du 1er janvier 2028.
Le conventionnement
La rĂ©forme, pour rappel, sâattaque Ă plusieurs grands axes.
Le premier, câest le conventionnement. Il sâagit, pour Frank Vandenbroucke, de « faire en sorte quâil soit plus attrayant pour les prestataires de soins de respecter des tarifs convenus et quâil soit moins attrayant de ne pas les respecter ».
Un des leviers activés pour faire de cet objectif une réalité : accorder les primes de soutien (prime télématique, prime de pratique, etc.) aux seuls conventionnés.
Les prestataires de soins conventionnés auront également la possibilité, sur la base d'accords conclus, de déroger aux tarifs convenus dans des cas particuliers. « Cela se fera au moyen de tarifs indicatifs qui devront garantir que l'innovation reste toujours accessible et que les honoraires restent à niveau. »
Le modĂšle de conventionnement sera modernisĂ©. La volontĂ© est de dĂ©finir des rĂšgles du jeu communes Ă tous les prestataires de soins. Et de prĂ©voir un plan B pour le cas oĂč les prestataires de soins et les mutualitĂ©s ne parviendraient pas Ă conclure des accords tarifaires.
Index
En deuxiĂšme lieu, lâindexation. Si les commissions dâaccord ne parviennent pas Ă conclure un accord avant la fin dĂ©cembre, l'index ne pourra pas encore ĂȘtre accordĂ©. La masse d'index restera toutefois garantie pour le secteur et pourra ĂȘtre accordĂ©e Ă un stade ultĂ©rieur.
Numéro Inami
En trois, la suspension du numĂ©ro Inami, longtemps sujet polĂ©mique. Le texte prĂ©voit que les instruments permettant de rappeler Ă lâordre les prestataires de soins qui commettent des abus et des fraudes avec les ressources de lâassurance maladie seront renforcĂ©s. « Les
fraudeurs invĂ©tĂ©rĂ©s pourront perdre temporairement leur numĂ©ro Inami », prĂ©cise Frank Vandenbroucke. « Ce qui nous permettra aussi dâĂ©viter de prendre des mesures qui ennuient les nombreux prestataires de soins qui agissent correctement. »
Digitalisation
QuatriĂšme axe : accĂ©lĂ©rer la digitalisation des soins de santĂ©. Le ministre fait court ici dans sa communication et se borne Ă rappeler que la digitalisation des soins a pour but « que les citoyens ne doivent plus remettre toutes sortes dâattestations Ă leur mutualitĂ©, en rĂ©duisant considĂ©rablement la paperasserie des prestataires de soins ».
Le plafonnement des suppléments
Le cinquiĂšme axe, câest la pierre dâachoppement de lâavant-projet de loi : les supplĂ©ments dâhonoraires. Dans sa communication, adressĂ©e au grand public, Frank Vandenbroucke rappelle dâabord ce que sont les supplĂ©ments dâhonoraires. Il pose ensuite un constat : « Les supplĂ©ments dans les soins de santĂ© augmentent dâannĂ©e en annĂ©e, sans quâil y ait vraiment de logique, et alourdissent la facture du patient. La question de savoir quand les supplĂ©ments sont facturĂ©s et quand ils ne le sont pas, Ă lâhĂŽpital et en dehors, reste une question trĂšs complexe. Les informations sont Ă©galement trĂšs incomplĂštes en ce qui concerne les supplĂ©ments que les patients paient pour des soins ambulatoires. Certains prestataires de soins facturent beaucoup, dâautres moins, beaucoup rien du tout, pour fournir le mĂȘme travail. Cela peut conduire Ă des factures Ă©levĂ©es et imprĂ©visibles. Il sâagit dâun systĂšme peu transparent qui nuit Ă lâaccessibilitĂ© financiĂšre et Ă la maĂźtrise des coĂ»ts des soins de santĂ©. Nous nous attelons Ă rĂ©soudre ce problĂšme. »
Lâavant-projet de loi conserve le principe des supplĂ©ments dâhonoraires, avec un plafonnement. « L'avant-projet inscrit dans la loi le principe selon lequel les plafonds maximums pour les supplĂ©ments d'honoraires seront applicables Ă partir du 1er janvier 2028, aussi bien dans le secteur hospitalier que dans le secteur ambulatoire, et ce pour tous les prestataires de soins. Il s'agit d'un principe trĂšs important, qui doit ĂȘtre mis en Ćuvre par arrĂȘtĂ© royal (dĂ©libĂ©rĂ© en Conseil des ministres). » On ne trouve pas trace de plafond chiffrĂ© pour lâheure. Exit donc â pour le moment â les limitations d'honoraires Ă maximum 25 % pour les soins ambulatoires et de 125 % pour les patients admis Ă l'hĂŽpital.
Les commissions dâaccord, qui rassemblent les mutualitĂ©s et les prestataires de soins, se voient confier la mission dâĂ©laborer, pour le 31 juillet 2027, une proposition contenant les plafonds maximum de supplĂ©ments pour leur secteur. Sur base de donnĂ©es objectives et en tenant compte de la rĂ©forme de la nomenclature.
En matiĂšre de supplĂ©ments dâhonoraires pour les patients admis Ă lâhĂŽpital, un groupe de travail mixte avec mĂ©decins, hĂŽpitaux et mutualitĂ©s est créé pour alimenter la nĂ©gociation.
« Les commissions dâaccords peuvent aussi bien proposer un plafond maximum gĂ©nĂ©ral pour leur secteur que faire une proposition dĂ©taillĂ©e avec application de diffĂ©rents plafonds maximum, en fonction par exemple de groupes de prestations, de numĂ©ros d'agrĂ©ment... », prĂ©cise encore le ministre.
Enfin, le ministre prĂ©cise que le plafonnement des supplĂ©ments dâhonoraires sera neutre sur le plan budgĂ©taire, au niveau macro, pour le secteur hospitalier.
Travailler en bonne intelligence
Ces derniers mois, lâavant-projet a fait lâobjet de nombreuses rĂ©unions de concertation. Une concertation qui a donnĂ© lieu Ă des ajustements essentiels. Et qui se voit Ă©galement confier une trĂšs grande responsabilitĂ©, tant dans la fixation des plafonds maximums des supplĂ©ments d'honoraires que dans l'examen d'Ă©ventuels tarifs indicatifs pour les prestataires de soins conventionnĂ©s. Le rĂŽle des organes de concertation dans la confection du budget est Ă©galement maintenu.
Le ministre espĂšre que tous ces chantiers de rĂ©forme se feront en bonne intelligence. « Un gouvernement fort dĂ©fend le patient et veille Ă ce que lâaccĂšs aux soins soit abordable pour tous. Des soins appropriĂ©s ne doivent pas dĂ©pendre de votre portefeuille ou devenir soudainement beaucoup plus chers parce que vous ĂȘtes dans une chambre individuelle Ă lâhĂŽpital. Cette loi de rĂ©forme constitue une nouvelle Ă©tape importante dans notre lutte contre les supplĂ©ments et pour des soins abordables. Dans la pĂ©riode Ă venir, nous en appellerons Ă la responsabilitĂ© de chacun. Mais il faudra aussi oser briser certains tabous. Câest la seule façon de garantir que notre systĂšme de soins de santĂ© demeure intact et quâil reste abordable et de qualitĂ© Ă lâavenir. Nous partageons tous le mĂȘme objectif : le bien-ĂȘtre des personnes. »
Le but poursuivi est que les trois grandes réformes (révision du modÚle de conventionnement, rééquilibrage de la nomenclature et réforme du financement des hÎpitaux) entrent en vigueur simultanément, le 1er janvier 2028.