Biopark Charleroi : un pari visionnaire devenu locomotive biotech
Le BioPark Charleroi a célébré ses 25 ans en rassemblant partenaires académiques, industriels et pouvoirs publics autour d’un constat partagé : né d’un pari audacieux de l’ULB à la fin des années 1990, le site est devenu l’un des écosystèmes biotech les plus dynamiques du pays.
Le BioPark Charleroi avait rassemblé du beau monde dans la Maçonnerie, superbe salle du très jeune campus UCharleroi, dont l'architecture transpire la force de travail qu'avait à offrir la métropole carolorégienne. "Avait"... ? "A", et même "aura encore pour longtemps", plutôt. En filigrane de la soirée, un message ressort en effet : la force du modèle carolo tient à l’articulation entre recherche, formation et entrepreneuriat, et à une gouvernance collégiale qui associe l’ULB, l’UMons, Igretec et Sambrinvest. En un quart de siècle, la quantité des projets mis sur pieds est parlante : trois instituts de recherche, plus de 100 entreprises, quelques 3.500 professionnels qualifiés, un hub de formation, et plus de 3,2 milliards d’euros de transactions cumulées. « En choisissant Charleroi, l’ULB a semé les graines du renouveau économique et industriel wallon, aujourd’hui florissant au cœur du Biopark Charleroi », se réjouit Michel Coulon, directeur du Pôle ULB Charleroi.
Du champ de betteraves au champ de biotechs
À l'origine de tout cela, une vision qui n'a cessé de se développer : l’implantation sur l’Aéropole développée par Igretec, l’ouverture de l’Institut de biologie et de médecine moléculaires (IBMM) en 1999, puis la création en 2005 de l’Institut d’immunologie médicale (IMI) en partenariat avec GSK et, en 2010, celle du Centre de microscopie et d’imagerie moléculaire (CMMI) avec l’UMons. « La recherche académique menée par les équipes du BioPark depuis 25 ans fait progresser les savoirs ; elle s’inscrit dans un continuum vertueux qui relie recherche, enseignement, formation tout au long de la vie et soutien à l’entrepreneuriat », souligne Annemie Schaus, rectrice de l’ULB.
L’autre pilier, financier, tient à l’accompagnement patient des entreprises. « Derrière chaque innovation née au BioPark, il y a une idée, une équipe et un besoin de financement pour transformer une découverte en succès entrepreneurial. Depuis 25 ans, Sambrinvest se tient aux côtés de ces entrepreneurs qui font avancer la science et l’emploi en Wallonie », explique Grégoire Dupuis, CEO de Sambrinvest. L’intercommunale Igretec joue, quant à elle, le rôle de bras immobilier : « En tant que principal partenaire immobilier du BioPark Charleroi, nous mettons à disposition cinq bâtiments biotech représentant 37.000 m², et huit hectares prêts à accueillir les projets de demain », rappelle Renaud Moens, son directeur général.
La dimension de formation, très importante pour la disponibilité des talents, est portée de concert par les deux universités. « Notre participation au Biopark constitue un complément parfait à l’offre de formation dans le domaine des sciences du vivant que nous mettons en place en partenariat avec l’ULB sur le campus UCharleroi. Ces filières permettent d’alimenter de manière très cohérente, en talents locaux et nouveaux, les laboratoires du Biopark », souligne Philippe Dubois, recteur de l’UMons.
Ambitions européennes
Malgré un contexte international actuellement tendu pour le secteur biotech, l’attractivité du site ne se dément pas : une dizaine de nouvelles entreprises ont rejoint le BioPark en 2025. Cela se doit notamment à la position de l'implantation, qui couvre l’ensemble de la chaîne de valeur, de la R&D à la production. Les champs d’expertise sont diversifiés : oncologie, maladies immunitaires, thérapies cellulaires et géniques, vaccination, maladies neurodégénératives.
Côté infrastructures, la trajectoire d’expansion est balisée. Avec « Biotech 5 », fruit d’un partenariat stratégique avec Wallonie Entreprendre, près de 25.000 m² supplémentaires seront disponibles dès 2026, dont 5.000 m² dédiés à l’EU Biotech Campus, un centre européen de formation aux métiers des biotechnologies. L'ambition du Biopark se décline aujourd'hui déjà à court terme (on mentionne un l’horizon 2030). « Le chemin parcouru est incroyable et témoigne de l’énergie collective du BioPark Charleroi. Nous poursuivons sur cette lancée avec la volonté claire de hisser le BioPark Charleroi parmi les cinq clusters de référence en Europe », affirme Dominique Demonté, CEO du BioPark Charleroi.
La soirée anniversaire a aussi donné la parole à Yves Coppieters. « Ce site est un modèle de synergie et montre ce que la Wallonie peut offrir de meilleur. Il démontre comment on peut créer des emplois locaux tout en renforçant notre souveraineté médicale. Il consolide la santé comme droit fondamental où chaque progrès technologique est aussi un progrès social », a déclaré le ministre wallon de la santé.
Du haut de son (tout frais) 25e printemps, la success story carolo revendique désormais un rôle européen. Reste à traduire cette ambition en nouvelles capacités de production, en essais cliniques plus proches des patients, et en ancrage industriel pérenne. En tout cas, les ingrédients (recherche, talents, infrastructures et partenaires) sont là ; la prochaine décennie dira si le pari de 1999 peut devenir une référence à l'échelle continentale.
