Vers des médecins référents en démence en Wallonie ?

La Flandre expérimente un nouveau modèle d’accompagnement des médecins généralistes confrontés à la démence depuis 2023. En Wallonie, l’accompagnement existe mais est plus dispersé. La députée Caroline Taquin (MR) a interpellé le ministre de la Santé Yves Coppieters sur une possible transposition du modèle flamand.
Depuis le 1er mars 2025, la Flandre déploie un projet pilote innovant : des médecins de référence en démence (Dementie ReferentieArts, ou DRA) épaulent désormais les généralistes dans l’accompagnement médical des personnes atteintes de maladies neurodégénératives. L’initiative, préparée dès octobre 2023 par une formation spécifique, implique une centaine de professionnels issus de diverses spécialités : généralistes, gériatres, neurologues, psychiatres. Ils sont formés, encadrés et intégrés à un réseau coordonné par le Expertisecentrum Dementie Vlaanderen (le Centre d'expertise flamand sur la démence), en collaboration avec Domus Medica et le Gouvernement flamand.
Le rôle de ces médecins référents est multiple : soutien diagnostique, aide à l’orientation, coordination avec les prestataires de deuxième et troisième ligne, accompagnement des aidants. Un site web (www.huisartsendementie.be) centralise les ressources, sensibilise aux signes précoces et permet de géolocaliser les DRA. Ce modèle s’inscrit dans un plan régional quinquennal articulé autour de la formation, de la recherche non médicamenteuse, et d’une politique publique structurée, financée par des fonds publics et privés.
C’est cette dynamique qui a retenu l’attention de la députée Caroline Taquin (MR), inquiète du manque d’équivalent en Wallonie. Dans une question écrite, elle interpelle le ministre de la Santé Yves Coppieters : « Un tel système permettrait de renforcer les soins primaires, tout en évitant aux patients des allers-retours inutiles entre généralistes et spécialistes. » Elle plaide pour une concertation avec les acteurs de terrain afin d’explorer la transposition possible de ce dispositif au sud du pays.

« Un tel système permettrait de renforcer les soins primaires, tout en évitant aux patients des allers-retours inutiles entre généralistes et spécialistes. » — Caroline Taquin, députée MR
Une structuration wallonne encore en chantier
Dans sa réponse du 18 avril, Yves Coppieters ne cache pas les faiblesses actuelles du modèle wallon. Contrairement à la Flandre, « nous ne disposons ni de référents, ni d’une vision coordonnée de ces actions », écrit-il. Il relève également une fragmentation du tissu associatif : les nombreuses associations Alzheimer actives en Wallonie « se mettent parfois même en concurrence, au détriment du citoyen qui ne dispose pas de la bonne information au bon endroit ».
S’il salue l’approche flamande, le ministre reste prudent quant à sa transposition immédiate, évoquant le besoin d’une évaluation rigoureuse des moyens, des impacts et de la faisabilité. Mais il annonce aussi un mouvement en cours. Son cabinet a entamé des discussions avec les associations et institutions actives dans l’accompagnement psychosocial des patients. Il évoque la création en cours d’un consortium d’acteurs wallons, en lien avec la Fondation Stop Alzheimer et le Expertisecentrum Dementie Vlaanderen, pour mutualiser les actions et renforcer leur visibilité.