Toxicologie

CHU de Liège

Protoxyde d'azote: une prise en charge 'biologique' 24h/24

Face au fléau du protoxyde d'azote utilisé de façon détournée à des fins récréatives, le CHU de Liège se mobilise depuis plusieurs mois et a mis sur pied un projet de recherche pluridisciplinaire pour améliorer le diagnostic d’intoxication et construire un trajet de soins coordonné au sein de l’hôpital.

Protoxyde d'azote gaz hilarantIl suffit de laisser traîner son regard au sol, dans certains quartiers, pour le constater: les bonbonnes de gaz hilarant jonchent de plus en plus les trottoirs de nos villes... 

Face à l’augmentation inquiétante, en particulier chez les plus jeunes, de cette consommation détournée, depuis une dizaine d'années maintenant, d'un gaz à l'origine à usage médical pour ses effets sédatifs et antalgiques, et confronté à ses conséquences sur l'organisme, l'hôpital universitaire de Liège tire la sonnette d’alarme. Inhalé pour ses effets euphorisants, le protoxyde d'azote (N₂O), qui n'est pas dit "hilarant" pour rien, peut provoquer des atteintes neurologiques graves, voire irréversibles. 

Comprendre les mécanismes en jeu

"Cette pratique, désormais répandue dans toute l’Europe, inquiète de plus en plus les professionnels de santé", alerte le CHU de Liège dans un communiqué. L'hôpital académique, en cela pionnier en Belgique, développe depuis quelques mois des outils de recherche inédits "pour mieux cerner les mécanismes d’action du protoxyde d’azote et en prévenir les conséquences sur la santé".

Le Pr Étienne Cavalier, chef du service de chimie médicale, et la Pre Corinne Charlier, cheffe du service de toxicologie clinique, médico-légale et environnementale, ont ainsi lancé un projet de recherche pluridisciplinaire destiné à mieux comprendre les effets de cette substance sur l’organisme et à développer des outils de détection spécifiques.

"Notre objectif est d’améliorer la détection biologique des expositions au protoxyde d’azote grâce à des approches analytiques de pointe. Nous avons mis en place, au laboratoire, un système de prise en charge biologique 24h/24 afin d’aider les cliniciens à identifier et à prendre en charge le plus rapidement possible les patients suspects d’intoxication", souligne Laura Vranken, pharmacienne biologiste au sein du service de chimie clinique et co-porteuse du projet au CHU de Liège.

Avec le CHU de Lille

Liège collabore depuis un an avec le réseau interdisciplinaire "Protoside", fondé par le Dr Guillaume Grzych du CHU de Lille. "Ce réseau vise à identifier de nouveaux biomarqueurs biologiques de l’exposition au protoxyde d’azote, grâce à des analyses de métabolomique par RMN", explique le CHU de Liège.

But : améliorer le diagnostic d’intoxication et construire un trajet de soins coordonné au sein de l’hôpital, associant les services d’urgences, de neurologie, de psychiatrie et de toxicologie.

"Au départ, c’était surtout en France que l’usage du protoxyde d’azote posait problème. Mais aujourd’hui, on constate la même chose en Belgique", souligne le Dr Raphaël Denooz, pharmacien biologiste et toxicologue clinicien au CHU de Liège. L’inhalation répétée de protoxyde d’azote perturbe le fonctionnement du système nerveux central et peut causer :

  • Des atteintes médullaires responsables de troubles moteurs ou sensitifs ;
  • Des atteintes cardiaques, hématologiques ou sexuelles (anémie, thromboses, dysfonction érectile) ;
  • Des troubles psychiatriques (anxiété, dépression, épisodes psychotiques) ;
  • Un risque élevé de dépendance: vu la sensation de bien-être qu’il procure presque instantanément, il incite à une consommation répétée et excessive sur un laps de temps très court.
  • Une consommation excessive et rapide peut aussi entraîner une asphyxie par manque d’oxygène ou des brûlures sévères dues au refroidissement des bonbonnes lors de leur manipulation.

Prévenir et informer, plus que jamais

Depuis mars 2024, la vente de cartouches de protoxyde d’azote est interdite aux mineurs en Belgique. Les fabricants sont également tenus d’apposer un avertissement sanitaire clair sur chaque contenant. Malgré ces mesures, les spécialistes observent une consommation croissante, notamment via des bonbonnes de grande capacité facilement accessibles sur internet, représentant un risque sanitaire et environnemental.

"Conscient du rôle clé que jouent les hôpitaux dans la diffusion d’une information fiable, il nous faut s’engager à sensibiliser encore plus, le grand public aux risques liés à l’inhalation de protoxyde d’azote et à former les professionnels de santé à mieux repérer les signes d’intoxication, souvent discrets lors des premiers symptômes", rappelle le CHU de Liège.

Des séances d’information, des campagnes internes et des actions de sensibilisation sont organisées au sein de l’institution, qui "souhaite également encourager le dialogue entre les acteurs de terrain afin de mieux accompagner les patients concernés et de promouvoir une approche globale de la prévention et du suivi."

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Écrit par La rédaction5 novembre 2025

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