Dengue, chikungunya, Zika... le risque d'épidémie à nos portes

En France, l'Anses vient de publier une nouvelle expertise sur le risque de maladies transmises par le moustique tigre : elle estime qu'une épidémie d'arbovirose a une probabilité comprise entre 6 et 7 sur 9 de survenir dans les cinq prochaines années.

"Le moustique tigre est désormais présent dans 78 départements de France hexagonale. Son implantation augmente le risque d'épidémie de dengue, de chikungunya et de Zika", précise l'Anses qui estime que la probabilité d'apparition de ces épidémies est assez élevée. "Leur survenue pourrait avoir un impact sanitaire ainsi qu'économique et social, notamment sur les secteurs de la santé et du tourisme."

La dengue, le chikungunya ou le Zika, sont des arboviroses, à savoir des maladies dues à un virus transmis par des arthropodes vecteurs, ici le moustique tigre. Jusqu'à présent, les cas autochtones de virus transmis par le moustique tigre dans l'Hexagone ont été des foyers localisés, dans lesquels il a toujours été possible de retracer l'origine des contaminations. "On parle d'épidémie à partir du moment où il n'est pas possible de relier toutes les personnes infectées à un foyer. Cela veut dire que les transmissions échappent au dispositif de contrôle", explique Émeline Barrès, de la Direction d'évaluation des risques à l'Anses.

"L'apparition d'une épidémie dépend de nombreux facteurs tels que : la présence du moustique tigre sur le territoire, des conditions climatiques favorables à leur reproduction (en particulier le cumul de jours chauds sur une période donnée et de précipitations), l'arrivée de personnes infectées en provenance de zones où circulent les virus, ainsi que l'efficacité des mesures de lutte contre les moustiques tigres et la transmission des virus", indique l'Agence.

En cas d'épidémie, à quels impacts peut-on s'attendre ? L'Anses en relève 4 : saturation rapide des moyens de prévention et de contrôle, avec risque de dégradation de la qualité des opérations et des conditions de travail des personnes impliquées; mise en tension du système de santé en cas d'épidémie majeure ou simultanée avec une autre épidémie; fragilisation de certains secteurs économiques, notamment le tourisme; et aggravation des inégalités sociales.

Pour se préparer, l'Anses fait trois recommandations principales:

-Adapter les moyens aux besoins de prévention et de lutte contre les arboviroses,

-Mieux identifier et coordonner les acteurs impliqués,

-Mener des recherches pour mieux connaître les facteurs influençant ces épidémies dans les zones tempérées ainsi que leurs conséquences économiques et sociales.