Le finastéride dans le collimateur de l'EMA et de la FDA
Par un probable hasard de calendrier qui ne réjouira pas les laboratoires, l'EMA et la FDA ont toutes les deux communiqués sur les risques liés à l'utilisation de finastéride dans le traitement de phénomènes androgéniques. Les recherches viennent confirmer les risques de pensées suicidaires chez les utilisateurs du médicaments.

Ce jeudi, l'EMA a confirmé, par voie de communiqué, l'idéation suicidaire (les pensées suicidaires) comme effet indésirable du finastéride en comprimés. Alors que son cousin en version topique débarque dans les pharmacies en France avec fracas, cette information vient renforcer la méfiance qui entourait déjà le finastéride. Ce principe actif est un médicament anti-androgène utilisé pour soigner plus largement l’hypertrophie bénigne de la prostate, l’hirsutisme et la calvitie, trois mécanismes provoqués par un excès d’hormones 5-alpha réductase. Ces enzymes sont produites à la fois dans la prostate (pour développer celle-ci), dans les testicules (pour réguler les hormones sexuelles), dans les follicules capillaires (pour la croissance des cheveux) et dans les glandes surrénales (pour la production de stéroïdes).
"La plupart des cas d'idées suicidaires ont été rapportés chez des personnes utilisant des comprimés de finastéride à 1
mg, utilisés pour traiter l'alopécie androgénétique (perte de cheveux due aux hormones mâles). Un avertissement sur
les changements d'humeur, y compris la dépression, l'humeur dépressive et les idées suicidaires, est déjà inclus
dans les informations sur le produit pour les médicaments finastérides. Les patients qui éprouvent des changements
d'humeur devraient demander l'avis médical et, s'ils prennent encore du finastéride, devraient également arrêter le traitement."
Aussi aux USA
Pratiquement simultanément au communiqué de l'Agence européenne, c'est son pendant américain qui tirait un autre boulet rouge sur la molécule. La FDA a en effet décidé d'avertir le public avoir répertorié 32 cas d’effets indésirables liés au finastéride topique au cours des cinq dernières années, « des signalements qui font état d’anxiété, de brouillard mental, de dépression, d’idées suicidaires, d’insomnie, de baisse de la libido, de dysfonction érectile et de douleurs testiculaires ».
Mauvais timing pour certains laboratoires, qui lançaient récemment la distribution du finastéride sous forme de spray, prétendument moins risqué que la version orale pour la santé. Or, le Secrétaire américain aux produits alimentaires et pharmaceutique, à la FDA, précise qu'il n'a jamais homologué le finastéride topique : "Il n’existe aucun produit topique contenant du finastéride seul ou en combinaison avec d’autres ingrédients qui soit approuvé par la FDA"
Prudence sur le dutasteride
L'EMA a profité de ce communiqué pour informer sur un produit connexe, spécifique à la prostate. "Bien qu'il n'ait pas été possible d'établir un lien entre les idées suicidaires et le dutastéride sur la base des données examinées, le dutastéride fonctionne de la même manière que le finastéride et, par conséquent, des informations sur les changements d'humeur observés avec le finastéride seront également ajoutées aux informations sur le produit dutastéride, par précaution."