Meilleur accès aux données sur les patients
Essentiel pour affiner les groupes cibles des médicaments
Les chercheurs universitaires ont besoin d'un meilleur accès aux données des patients pour mieux identifier les patients qui bénéficieraient le plus d'un médicament. Une nouvelle étude menée par un groupe de chercheurs internationaux, sous la direction de la KU Leuven et de l' UZ Leuven, a montré que les données des essais cliniques sont trop peu utilisées par les sociétés pharmaceutiques pour affiner les groupes cibles des médicaments.
Les biomarqueurs sont essentiels dans le monde médical : ils indiquent si un médicament ou un traitement donné sera efficace ou non chez un patient donné. Les biomarqueurs peuvent également être utilisés pour prédire la progression d'une maladie.
Cependant, trop peu de recherches sur les biomarqueurs sont menées sur les données des patientes atteintes d'un cancer du sein chez lesquelles de nouveaux médicaments anticancéreux sont testés. Sur les 29 études qui ont conduit à l'approbation d'un nouveau médicament contre le cancer du sein aux États-Unis entre 2017 et 2024, aucune n'a abouti à la réduction de la population cible du médicament, selon la nouvelle étude.
Effets secondaires inutiles
"Si l'on peut déterminer le groupe cible exact de patients chez qui un médicament est efficace, les autres patients ne doivent pas prendre ce médicament inutilement", explique Hans Wildiers, spécialiste du cancer du sein à l'UZ Leuven et premier auteur de l'étude. "De cette manière, nous évitons les effets secondaires inutiles et les coûts élevés pour la société et les contribuables. Mais l'industrie pharmaceutique ne fait pas assez de recherches pour réduire le groupe cible".
Les chercheurs appellent à une plus grande collaboration entre les entreprises pharmaceutiques et les universités afin que les données et les échantillons des patients puissent être davantage partagés. Dans les essais cliniques menés par les entreprises pharmaceutiques, les patients donnent souvent des échantillons de tumeurs ou de sang, mais les entreprises pharmaceutiques gardent ces échantillons pour elles et ne les partagent pas suffisamment avec les chercheurs universitaires.
Un cas poignant
"Dans un cas bouleversant, nous avons vu une entreprise faire retirer 80 000 échantillons de tumeurs et de sang après que l'étude ait montré que le nouveau médicament n'apportait aucun bénéfice. Ce sont des informations précieuses qui ont été perdues. Aujourd'hui, les patients ignorent souvent que leurs données sont principalement utilisées par l'entreprise pharmaceutique qui a mis en place l'essai clinique, et encore moins pour la recherche universitaire", ajoute M. Wildiers. C'est pourquoi nous demandons une modification du formulaire de "consentement éclairé" des essais cliniques, afin que les patients puissent également donner leur consentement explicite pour la recherche universitaire.
Les scientifiques n'ont examiné que les médicaments et les études sur le cancer du sein dans cette étude, mais ils savent qu'il s'agit d'un problème plus large qui se pose dans tout le spectre des soins de santé. Ils soulignent qu'une meilleure collaboration entre l'industrie pharmaceutique et les universités permettra d'accroître la confiance et la transparence. "C'est une bonne chose pour le patient, qui bénéficiera d'un médicament adapté à sa maladie", conclut M. Wildiers.
L'étude a été publiée aujourd'hui dans la revue scientifique JAMA Oncology.