Traverser l'hiver sans encombres
Les pneumocoques en ligne de mire
En avril de cette année, le Conseil supérieur de la santé (CSS) a publié un nouvel avis recommandant l’intégration du vaccin conjugué 20-valent contre le pneumocoque dans le schéma de vaccination de base pour les nourrissons. Pour les adultes et les personnes âgées, la vaccination doit être envisagée au cas par cas.

En 2024, l’incidence rapportée des infections invasives à pneumocoque chez les enfants de moins de deux ans était de 59 pour 100.000. Dans ce groupe d’âge, la présentation clinique la plus fréquente est la bactériémie (48 %), suivie par la pneumonie (36 %) et la méningite (12 %). En 2023, le Centre national de référence (CNR) a signalé 21 cas de méningite chez des enfants de moins de deux ans.
Chez les personnes âgées, le CNR a reçu un nombre record de 2.120 isolats d’infections invasives à pneumocoque (IIP) en 2024, contre 1.750 en 2023. Bien que l’augmentation touche toutes les tranches d’âge, une analyse approfondie révèle une hausse de 34 % des cas d’IIP chez les 65-84 ans : de 603 cas en 2023 à 806 en 2024. Ces données montrent également que le pic hivernal, associé à des co-infections telles que la grippe, joue un rôle dans l’augmentation des infections graves à pneumocoque.
Évolution des sérotypes
Il existe plus de 90 sérotypes différents de pneumocoques, certains étant beaucoup plus fréquents ou plus agressifs que d’autres. Il est donc essentiel de suivre attentivement l’évolution des sérotypes circulants, tant chez les enfants que chez les adultes, et d’adapter la vaccination aux sérotypes les plus courants.
Deux types de vaccin contre le pneumocoque sont disponibles sur le marché : un vaccin polysaccharidique non conjugué couvrant 23 sérotypes (PPV23) et des vaccins polysaccharidiques conjugués couvrant 13 (PCV13), 15 (PCV15) ou 20 (PCV20) sérotypes.
Suite à l’évolution de la situation épidémiologique, le CSS a adapté ses recommandations en avril de cette année pour les enfants de moins de deux ans, en préconisant l’inclusion du vaccin PCV20 dans le schéma de base. Selon les données de 2023, le PCV13 couvre immunologiquement 14 % des sérotypes responsables d’infections invasives chez les enfants de moins de deux ans, et 9 % chez ceux de moins de 16 ans. En revanche, le PCV20 couvre 59 % des sérotypes invasifs dans ces deux groupes d’âge. De plus, une augmentation récente du sérotype 12F a été observée, un sérotype non présent dans tous les anciens vaccins, mais inclus dans le PCV20.
Qu’en est-il des personnes âgées ?
Selon une analyse de Sciensano, la forte augmentation des cas d’IIP en 2024 est principalement due à une hausse des cas de bactériémie/pleurite chez les personnes âgées, notamment dans le groupe des 65-84 ans. Les sérotypes les plus fréquents en 2023-2024 étaient les 12F, 8, 3, 4 et 19A. Ces sérotypes sont en grande partie inclus dans les vaccins conjugués les plus récents. En 2024, 70 % des cas d’IIP étaient théoriquement couverts par le PCV20, ce qui souligne l’importance de la vaccination chez les personnes âgées et les groupes à risque comme stratégie préventive.
Rester vigilant
Les pneumocoques sont responsables d’environ 20 à 40 % de toutes les pneumonies bactériennes chez l’adulte. En cas de pneumonie grave ou nécessitant une hospitalisation, cette proportion atteint 40 à 50 %. Chez les plus de 65 ans, le pneumocoque reste la principale cause bactérienne. Toutefois, plus de la moitié des cas de pneumonie sont causés par d'autres bactéries ou virus. Parmi les agents en cause figurent la grippe, le VRS, et le covid-19. La vaccination ne doit pas donner un "faux sentiment de sécurité" : même les personnes vaccinées doivent rester attentives aux signes d’infection grave.
Le CSS recommande la vaccination contre le pneumocoque chez les adultes :
- Adultes (16-85 ans) à risque accru, tels que les personnes immunodéprimées, aspléniques, atteintes d’anémie falciforme, etc. ;
- Adultes de 50 à 85 ans atteints de comorbidités, comme les maladies cardiaques, pulmonaires, hépatiques ou rénales chroniques, les maladies neuromusculaires chroniques avec risque de pneumopathie par fausse déglutition, les diabétiques, les fumeurs, etc. ;
- Adultes en bonne santé de 65 à 85 ans ;
- Pour les personnes de plus de 85 ans, la vaccination peut être « envisagée individuellement » vu le manque de données sur son efficacité dans cette tranche d’âge.