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Comment surmonter le blues de la rentrée ?

Reprise du travail, organisation familiale, surcharge mentale… Le mois de septembre est lun des plus anxiogènes de l’année. En tant que professionnel de santé de première ligne, le pharmacien peut jouer un rôle de conseil et daccompagnement, tout en veillant à repérer les plaintes parfois non formulées.

Stress au travail rentrée
© jéshoots.com via Unsplash

Qui dit rentrée, dit souvent stress. Stress de reprendre le boulot et le train-train quotidien, de recommencer les cours, de changer d’école ou de rentrer à l’université, de reprendre une vie sociale un peu plus structurée, voire une activité physique… De plus, à l’instar de la nouvelle année, septembre est aussi l’occasion de prendre de bonnes résolutions. Autant de sources de stress qu’il s’agit de maîtriser pour bien entamer la nouvelle année scolaire.

Pour certains tels que les jeunes parents, les étudiants, les personnes fragiles psychologiquement, les salariés en souffrance au travail…, la reprise vire parfois à l’angoisse. Cette période et ses défis peuvent en effet ouvrir une fenêtre de vulnérabilité psychique.

À l’écoute

Au comptoir, les plaintes sont parfois exprimées de manière détournée : troubles du sommeil (endormissement difficile, réveils précoces), irritabilité ou fatigue nerveuse, palpitations, difficultés de concentration, douleurs thoraciques bénignes, troubles digestifs fonctionnels (spasmes, ballonnements…), envies de sucre ou de stimulants (café, alcool, tabac)… Il faut pouvoir déceler ces signes d’alerte. 

Il ne s’agit pas de se substituer à un psychologue, mais d’ouvrir un espace de parole sécurisant pour évaluer la situation et orienter vers un médecin généraliste ou un psychologue si besoin.

« Les pharmaciens dofficine, habitués à l’écoute active, en contact régulier avec les patients, disposent dun capital de confiance, ce qui peut permettre d’évoquer les premiers symptômes, par exemple des troubles du sommeil, des angoisses ou un sentiment de mal-être. (…) Les espaces de confidentialité sont des lieux propices pour aller plus loin. À défaut d’être formé à ce type dapproche, (…) le pharmacien pourra être à l’écoute avec bienveillance, sans juger, ni conseiller. Le patient a dabord besoin de libérer sa parole, avant daccepter éventuellement des recommandations de prise en charge », notait l’Ordre des pharmaciens français en avril dernier en soulignant le rôle des pharmaciens en tant que vigies de la santé mentale.[1]

Rôle éducatif

Poser quelques questions simples peut aider à mieux cerner la situation : « Y a-t-il un évènement récent qui vous a particulièrement stressé ? », « Vous dormez bien en ce moment ? », « Avez-vous des moments de détente dans la journée ? », « Avez-vous déjà eu ce type de symptômes par le passé ? »… Il ne s’agit pas de se substituer à un psychologue, ni de poser un diagnostic, mais d’ouvrir un espace de parole sécurisant pour évaluer la situation et orienter vers un médecin généraliste ou un psychologue si besoin. Par exemple, si les symptômes persistent depuis plusieurs semaines, en cas de retrait social, d’idées noires, de troubles alimentaires ou encore s’il y a un retentissement important sur la vie quotidienne.

Le stress de la rentrée est une réalité partagée par de nombreuses personnes. Souvent banalisé, il ne doit cependant pas être négligé, il faut rester attentif à son intensité et aux différentes formes qu’il peut prendre. Les pharmaciens sont souvent les premiers interlocuteurs face à cette détresse quotidienne. Ils ont une place de choix pour repérer les signaux d’alerte, donner des conseils personnalisés et proposer des solutions naturelles ou médicamenteuses. En deux mots : faire du comptoir un lieu de soutien et de prévention psychologique.  

[1] www.ordre.pharmacien.fr 

Plantes et aliments anti-stress

Premier élément à privilégier, le magnésium, considéré comme un anti-stress naturel. Ce cofacteur enzymatique participe à de nombreuses réactions métaboliques, à la transmission neuromusculaire de l'influx nerveux et à la régulation du rythme cardiaque. La vitamine B6 et la taurine favorisent son absorption.

En adoptant une alimentations riche en Mg, on agit contre le stress au quotidien. Parmi les aliments de choix, les eaux minérales riches en magnésium, les légumineuses (haricots, pois…), les fruits secs (amandes, pistaches…), les céréales complètes, les légumes à feuilles vert foncé (épinard…), les germes de blé, les fruits de mer, les poissons… et le petit carré de chocolat noir !

Des plantes comme la passiflore (Passiflora incarnata), la mélisse (Melissa officinalis) et la valériane (Valeriana off.) sont traditionnellement utilisées, en tisane, pour soulager les symptômes légers de stress mental et favoriser le sommeil.

On peut aussi recourir aux plantes adaptogènes (Panax ginseng, Eleutherococcus senticosus) pour lutter contre les effets néfastes du stress, augmenter la résistance et la vitalité, et stimuler les défenses naturelles.

L’huile essentielle de lavande vraie (Lavandula angustifolia) possède une action anxiolytique en modulant le système gabaergique. Celle d'orange douce (Citrus sinensis, C.aurantium dulcis), en olfaction ou en diffusion, favorise le bien-être

M.V.

www.ema.europa.eu

 

Prescription de nature

Le conseil ne se réduit bien sûr pas aux produits, le rôle éducatif du pharmacien est essentiel : insister sur la régularité du sommeil, encourager la respiration consciente et la cohérence cardiaque (par exemple, 5 secondes d’inspiration, 5 secondes d’expiration pendant 5 minutes), sensibiliser à la déconnexion numérique et promouvoir l’activité physique modérée (30 minutes quotidiennes permettent déjà de diminuer le taux de cortisol).

Cette approche s’inscrit aussi dans le contexte actuel qui tend à mettre en avant la prescription sociale basée sur la nature. Il s’agit de prescrire des interventions basées sur la nature en tant que thérapie complémentaire ou alternative aux thérapies traditionnelles. On parle ici de jardinage, de balades, de thérapies en plein air, de méditation artistique en milieu naturel (yoga, pleine conscience, etc)… voire de composer un herbier ou d’écouter chanter les oiseaux…

Une véritable approche holistique du soin vu dans toutes ses relations, aux autres, à soi et à l’environnement. Les données commencent à s’accumuler pour démontrer les effets positifs significatifs de ce type d’interventions simples et peu coûteuses sur la santé mentale.

À côté du dispositif « Sport sur ordonnance » qui tend à se développer, plusieurs projets de « prescription de nature » voient le jour en Belgique. Une solution innovante pour les patients en souffrance psychologique et les malades chroniques. Face à la diminution de l’exposition à la nature due à l’urbanisation, cette prescription aspire à reconnecter l’individu à son environnement naturel.

M.V.

Front. Public Health, Menhas et al, 25 mars 2024.

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Écrit par Martine Versonne18 août 2025

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